Challenges : "Un patron derrière le barreau"
Il y a dix ans, il parlait à des analystes financiers et à ses deux assistantes, dans son bureau au 35e étage d’une tour de la Défense. Maintenant, » c’est quand je traverse une prison pour visiter un client que j’ai le plus conscience de mon changement de vie « . François Mazon, 58 ans, est depuis trois ans avocat pénaliste d’entreprise. Après un parcours rectiligne de dirigeant : Ecole centrale, Sciences-Po, un passage par IBM au Japon, directeur général de Capgemini France, puis de Steria. Etre avocat ? Cela l’a effleuré à 15 ans, mais la révélation est venue en 2001. Alors chez Capgemini, il est confronté pour la première fois à la justice pénale, étant suspecté de recel de favoritisme sur un marché public. L’affaire durera sept ans, et se finira par un non-lieu. » Mais j’ai senti ce qu’était le risque de se retrouver privé de liberté « , raconte-t-il. Second déclencheur, à 50 ans, en 2009 : » Le compte à rebours était lancé, je savais qu’il me fallait au moins quatre ans d’études pour passer le concours du barreau. » Il s’inscrit à la faculté d’Aix-en-Provence, s’accroche, enquillant partiels et travaux dirigés. Et découvre le droit pénal des affaires. » Cela combine le côté humain – défendre une personne menacée dans ses plus grandes libertés – et le droit des affaires, où j’ai trente ans de métier « . Et maintenant ? Celui qui se considère » encore débutant » s’est associé en janvier à ses deux ex-maîtres de stage marseillais, ouvrant un bureau à Paris.
Publié le 3 février 2017.