Le Monde : "Dans l'entre-deux-vies"

« C’était en mai, au Parc des expositions de Marseille, exceptionnellement aménagé en tribunal correctionnel pour juger les dirigeants de la société de fabrication de prothèses mammaires PIP, une affaire hors norme de santé publique.

L’heure était à la défense. Me Christophe Bass, l’un des avocats des cinq prévenus, demande au tribunal l’autorisation de laisser plaider un stagiaire de son cabinet, qui n’a pas encore prêté serment et ne porte pas la robe. La présidente donne son accord et l’élève avocat, costume noir, chemise blanche, cravate sombre, s’approche de la barre.

La belle voix grave d’un homme mûr s’élève dans la salle, le regard, d’abord rivé aux feuillets disposés sur le pupitre, se redresse, le rythme s’installe, la voix gonfle, un silence attentif lui fait accueil, les mots portent.
La phrase – « Je ne suis pas encore complètement avocat, mais je suis ingénieur en physique théorique et j’ai travaillé près de trente ans dans le monde de l’entreprise» – est glissée au détour d’une démonstration juridique convaincante et limpide. Les trois juges dévisagent l’orateur, la curiosité le cède à l’étonnement, l’étonnement à l’intérêt, la prise de notes dit l’hommage.
Quand le stagiaire rejoint sa place, des bancs de la défense comme de ceux de la partie adverse se lèvent ses futurs confrères pour le congratuler, bluffés ».

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Publié le 1 août 2013.